Vous
le savez bien, le matin, c’est ce moment de la journée où on n’est pas réveillée.
Et en fait, le matin, on l’adorerait s’il passait plus tard.
Tous les matins du monde ne se ressemblent
pas. Sauf que je les trouve chacun globalement glauque.
Depuis que je distingue le matin des autres moments de la journée et que j’ai
réalisé que l’on ne passe pas une autre journée sans se lever, sauf maladie
grave,le matin tôt provoque chez moi, avec un entêtement incompréhensible
: mal au coeur tenace, perception floue des objets et de l’être qui m’entourent
et vaste sentiments d’injustice.
Pourquoi moi, là, maintenant alors que mon lit me nargue, encore thermoformé
à mes dimension, juste à la température de mes rêves. Des livres pas loin
mon amoureux tout près, je ne vois pas quoi aller chercher ailleurs. Surtout
si tôt.
Il y a les matins où j’ai rendez-vous avec
un avion.
Pour certains d’entre eux, j’ai déjà programmé volontairement mon réveil pour
qu’il hurle à 5h30. Un cauchemar éveillé.
Ces micromatins-là, même si on me télétransportait en classe champagne, à
la gauche de Keanu Reeves, je trouverais ça dur.
Il y a tous les matins où je ne prends pas
l’avion.
Encore pires, et beaucoup plus nombreux. Je me réveille aussi à 7h30, quand
ce n’est pas le weekend et que j’ai cours. L’air de rien, je programme quelque
part dans la maison quelque chose qui sonne à 7h00. Histoire de pouvoir me
dire que je peux encore ne pas me réveiller pendant une autre demi-heure.
Ma famille trouve ça stupide.
Il faut dire que j’ai un don : je peux m’endormir partout, tout les temps,
très vite.
D’autant plus que je ne visualise pas toujours ce que j’ai programmé, et sur
quel machine (montre noire, montre argentée, radio-réveil, gsm, chaine hifi…)
il faudrait me précipiter pour arrêter son cri d’engin.
A ces heures-là, on n’a pas les idées claires, vu que les yeux collent, qu’il
fait sombre, et que rien n’est allumé.
Il y a tous les matins où celui qui doit se lever le plus précisément tôt prépare aussi le petit-déjeuner. C’est le superactif du jour. Souvent, ce n’est pas moi.
Il y a les matins avec “ petite gym du matin
”. je découpe les fiches “ forme ” de tous les magazines, ce qui n’est toujours
pas du sport, à remarqué mon entourage.
Ces matins là, dans la chambre, sur le sol de la cuisine, sur le tapis de
l’entrée, il y a projection en 3D d’un film d’horreur de série B : je me trémousse
de la manière la plus sportive possible ( le plus vite possible) plusieurs
matins par semaine en rythme (enfin, je mets la musique fort), en essayant
de ne pas oublier de respirer, ni de bloquer la porte de la pièce où j’opère,
parce que si mon entourage me voit comme ça, ils vont avoir mal.
Mon tout formant un reflet dans la glace qui inciterait n’importe quel humain
à se recoucher pour plusieurs semaines de diète allongée. Mais ça va, je résiste
à la pression, je ne mets jamais mes lunettes.
Bref, après j’ai treize minutes de retard en plus, je suis toujours aussi
loin d’être habillée. Et dans 2 minutes, c’est l’après-midi.