Vers le 4e jour, je me réveilla en sursaut.
J'entendis des voix et des pleurs.
N'osant plus bouger, je me blottis tant bien que mal contre mes parents. Les
bruits s'estompèrent peu à peu et finirent par disparaître.
Doucement la vie à bord du bateau repris et je pus distinguer dans les différentes
conversations deux ou trois phrases qui me firent comprendre ce qui s'était
passé. Et rien que la pensée de ce à quoi j'avais échappé me glaça de terreur.
J'avais déjà entendu parler de ces terribles
pirates qui jadis écumaient les mers et qui saccageant tout sur leur passage,
pillaient les plus pauvres et le laissaient derrière eux que des veuves et
des orphelins. Je pensais que ce n'étaient que des histoires pour effrayer
les enfants, mais qui aurait pu croire qu'à notre époque ils existaient encore
?
Pourtant leur courte apparition dans ce bateau me persuada du contraire. Sans
aucun scrupule, ils avaient pris de-ci de-là des enfants et des femmes pour
les revendre au marché ou pire les violer puis ensuite les jeter aux requins.
Je sentais en moi ce sentiment de haine qui montait, prêt à éclater. De quel
droit ces missionnaires du diable, qui ne possédaient aucune pitié, attaquaient
de pauvres personnes qui ne cherchaient qu'une seule chose. La liberté et
la paix !
Dans le matin du 5e jour, les réserves de nourriture
étaient pratiquement vides, le désespoir m'envahissait peu à peu quand j'aperçut
au loin une navette de garde.
Remarquant l'état lamentable dans lequel nous étions, ils acceptèrent de nous
amener à l'île la plus proche.
Quelle joie immense de pouvoir fouler le sol, courir, sauter ! Malheureusement,
certains de mes compagnons ne pouvaient pas partager mon bonheur et je le
regrettais.
Apres l'enterrement, ma soeur et moi sommes
partis à la découverte de cette nouvelle terre.
Tout d'un coup, un cri strident retenti. Je n'avais même pas encore eu le
temps de réaliser ce qui se passait quand Vy m'entraîna vers un petit palmier
encerclé par des dizaines de lianes. Elle m'indiqua un petit creux où gisait
mort son chien, Tito.
J'essayais de savoir comment cette tragédie s'était déroulée mais sous le
choc, elle ne savait que pleurer.
La nuit tombait quand on arriva sur la plage.
Une bonne semaine passa.
Je réalisai alors, que j'étais sur le point de craquer.
Je sentis monter en moi un flot de rage impuissant, une colère glacée et sans
issue contre le monde entier. Il aurait fallu, pour éviter l'explosion, que
je ne parle à personne, que je me retrouve seul dans la nuit. J'aurais respiré
très fort, j'aurais tapé du poing contre un arbre jusqu'à ce que mes doigts
saignent, j'aurais poussé un grand cri vers les étoiles qui s'en fichent...je
me serais calmé, au bout d'un instant. Vy, ne m'en a pas laissé l'occasion.
Elle m'a arrêté alors que je m'éloignais.